Instauré depuis la crise sanitaire comme nouveau mode de travail hybride, l’arrivée du télétravail dans notre quotidien a bouleversé les habitudes des salariés. Les enquêtes sur le sujet se multiplient… et se contredisent ! Positif ou fléau ? Retour sur les doutes qui subsistent autour du télétravail !
Ces patrons indécis sur le télétravail
De nombreuses entreprises qui avaient adopté le télétravail lors de la crise sanitaire font marche arrière et reviennent sur leur décision.
La dernière en date : L’Oréal. Nicolas Hieronimus, PDG du groupe, affirme que les télétravailleurs n’ont “absolument aucun attachement, aucune passion, aucune créativité”. Selon lui, “il est vital d’être au bureau” pour “rencontrer des gens”. Toutefois, le patron de L’Oréal autorise toujours ses équipes à deux jours de télétravail par semaine.
Un compromis inenvisageable pour Elon Musk, patron de Tesla et nouvel acquéreur de Twitter (maintenant X). Les mots du milliardaire sont clivants : “Le télétravail n’est plus admissible. […] Les employés doivent passer un minimum de 40 heures par semaine au bureau.” Il va même encore plus loin, en précisant que “les employés qui ne s’aligneront pas peuvent déjà penser à aller chercher du travail ailleurs”.
Même l’entreprise Zoom a récemment demandé à ses salariés de revenir au bureau… Un comble pour un outil de travail à distance ! Mais ces derniers ne doivent être présents que deux jours par semaine (au minimum).
Et ces grands patrons ne sont pas les seuls à douter des bénéfices du télétravail. Les réfractaires du “full remote” craignent que ces méthodes asynchrones ne nuisent à la collaboration entre les membres de l’équipe ainsi qu’à l’incarnation de la culture d’entreprise et à son sentiment d’appartenance.
Le télétravail est-il vraiment un avantage ?
Alors doit-on réellement douter des bénéfices du télétravail ?
Selon le baromètre Actineo de la qualité de vie au travail, 72% des salariés en 2023 travaillent régulièrement ou occasionnellement en dehors de leur bureau. Ce mode de travail hybride s’est fortement implanté dans nos quotidiens.
Pourtant, 32% des salariés aimeraient revenir à 100% en présentiel en entreprise.
Pour 7 salariés sur 10, l’intérêt de venir au bureau vient notamment des moments de convivialité, de partage et de créativité. D’autres citent également la déconnexion plus difficile qu’en quittant son poste de travail en présentiel.
Les risques du travail à domicile
Une analyse de l’institut de Stanford basée sur plusieurs études révèlent une productivité en baisse qui peut aller de 10 à 20%. Sont en cause :
- les difficultés de communication et de coordination du travail,
- la dégradation des réseaux de communication et de la réduction des nouvelles connexions,
- la diminution de la créativité, en partie à cause du travail multitâche, plutôt que de la concentration totale sur une personne,
- la réduction de l’apprentissage, du mentorat et du retour d’information
- la discipline et la maîtrise de soi (temps passé sur l’ordinateur pour des raisons personnelles ou temps dédié aux tâches ménagères).
Au-delà de ces faits, une conséquence plus inquiétante pour les salariés a été soulevée par une étude de Live Data Technologies. Les télétravailleurs ont été 30 % de moins à obtenir une promotion en 2023, en comparaison à leurs collègues présents sur place. Et toujours selon l’étude du Wall Street Journal, 90% des chefs d’entreprise avouent favoriser l’avancement des salariés qui font acte de présence.
Le télétravail, une nécessité pour de nombreux salariés
L’OCDE a mené une étude dernièrement qui vise à mettre l’accent sur la productivité et le bien-être des salariés en télétravail. Celle-ci vient apporter un peu de nuance aux résultats présentés précédemment, qui peuvent faire peur.
Les chercheurs ont observé que la productivité des télétravailleurs la plus élevée était corrélée aux entreprises qui présentaient les pratiques managériales les plus innovantes. La qualité du management semble presque être plus importante dans la productivité des salariés que le lieu d’exercice de leurs fonctions.
Le temps passé en télétravail est également un indice de productivité à prendre en compte. Celle-ci s’améliore durant les premiers jours, atteignant son paroxysme sur le deuxième jour de travail à distance. Toutefois, elle commence ensuite à baisser à mesure que croît l'intensité du télétravail.
Enfin, selon un sondage réalisé par Mmhmm, 51 % des employés estiment que le fait de travailler de manière asynchrone ou de fixer leur propre horaire contribuait à leur productivité.
Le télétravail parait inévitable. Plutôt que de l’interdire, il faut accompagner intelligemment sa mise en place ! Avoir une activité professionnelle à domicile peut être perturbant au début, il est donc primordial de permettre aux salariés de le faire dans les meilleures conditions. Pour répondre à ce besoin, la formation télétravail est la solution idéale. Apprendre à travailler en asynchrone, optimiser son espace de travail, maximiser sa concentration… Toutes ses compétences ont un vrai impact sur la productivité. Former les salariés à ces pratiques est une brique essentielle dans la construction d’une culture de la performance dans laquelle le télétravail est incontournable.
Toutes ces études font réfléchir sur l’avenir du télétravail. Mais il faut bien prendre conscience d’une chose : le télétravail n’est pas qu’une question de productivité. Il fait partie intégrante du bien-être des salariés et joue énormément sur l’attraction et la rétention des talents en entreprise. Par exemple, une étude de MonitoRH a révélé que 80% des offres d’emploi qui n’autorisent pas le télétravail ne reçoivent aucune candidature. Les entreprises ont-elles donc la possibilité de s’opposer entièrement à ce mode de travail hybride ? Il faut avant tout laisser le choix aux salariés d’être à distance ou en présentiel pour s’adapter aux besoins de tous.